Grève des urgences : la soupape saute ! Toute la crise de l’hôpital public et de l’offre publique de santé explose.
Tract PCF Paris 15: grève des urgences, AP-HP, HEGP, Necker, menaces sur l'hôpital Vaugirard, défense du centre de santé Viala, financement de la Séurité sociale, annonces de Macron, loi Buzyn
Grève des urgences : la soupape saute !
Toute la crise de l’hôpital public et de l’offre publique de santé explose.
Avril 2019, le mouvement de grève aux urgences des hôpitaux de Paris ne cesse de s’étendre : 17 services sur 25 sont concernés. Les agents sont réquisitionnés (assignés) mais la grève fait beaucoup de bruit tant la situation est devenue critique pour tout le secteur et pour les patients et leurs familles.
Les urgences, c’est la soupape qui cède quand tout l’hôpital public et l’offre publique conventionnée de soin explosent.
A l’HEGP (hôpital Pompidou), par exemple, on est passé de 38000 passages aux urgences en 2002, à 50000 en 2012 et à 59500, en rythme annuel, en 2019.
Suivant le référentiel des médecins du « Samu-urgences de France », il manque 79 emplois à temps plein à l’HEGP pour un encadrement correct, sans compter les médecins. Vous savez à quoi cela correspond : à des attentes supérieures à 3 heures dans les couloirs, quelques fois à des drames, le plus souvent à l’impossibilité de traiter au mieux comme il faudrait. Dans les spécificités des urgences pédiatriques de l’hôpital NECKER, la même tension et la même détresse s’expriment. Sur l’ensemble de l’Assistance publique, ce sont 700 emplois qui manquent pour revenir à niveau, après 20 ans d’augmentation de la fréquentation (+3,4% en 2018).
Une personne semble ignorer la cause de ces difficultés : la ministre Agrès Buzyn. Sur la chaîne « Public Sénat », elle a osé prétendre que la grève des urgences n’avait rien à voir avec les conditions de travail. On s’aperçoit du décalage entre un gouvernement au service des mandarins, des trusts pharmaceutiques et, de l’autre côté, les agents hospitaliers et le commun des mortels ! Non Madame, les problèmes de sécurité aux urgences sont principalement liés aux situations de tensions dues aux sous-effectifs et aux conditions de travail extrêmes !
L’engorgement des urgences, qui devient dramatique dès qu’une canicule ou une épidémie de grippe pointent, correspond à une politique de sape de l’offre de santé en amont et en aval. La ministre et le directeur général de l’Assistance Publique font semblant de l’ignorer. Ils promettent une petite prime (60 euros, c’est un dû !), par-là, un aménagement par ici (47 postes pour toute l’AP-HP, moins de 2 par service !), aux agents des urgences. C’est un changement de cap structurel qui est nécessaire, ce que tous les agents hospitaliers et les usagers peuvent comprendre.
La fréquentation des urgences gonfle pour des raisons connues et reconnues.
Dans le 15ème, ce qui peut paraître surprenant, mais il faut tenir compte de la densité de population, nous sommes en situation de pénurie, voire de désert médical, en termes d’offre conventionnée de secteur 1, de premier ou second recours.
La situation s’est aggravée avec la fermeture des centres de santé Beaugrenelle et Anselme Payen que la municipalité de Paris a laissé faire. Le centre de santé de la rue Viala (30000 passages par an), fondé historiquement par les allocations familiales, est menacé d’expulsion sans relogement. C’est inadmissible. Nous appelons, avec les associations locales, à interpeller la Mairie de Paris, pour que le centre soit maintenu et/ou relogé, malgré la spéculation immobilière. Les « maisons médicales », rassemblant quelques médecins libéraux, ne compensent même pas les fermetures de cabinet. Avec le projet de loi Buzyn, elles seront le lieu du remplacement, pour des actes médicaux, des médecins par des étudiants ou supplétifs.
On parle beaucoup de la situation inadmissible pour les résidents et les personnels des EHPAD. Le gouvernement veut rançonner les salariés, à nouveau, au nom de la dépendance.
Pendant ce temps, les groupes privés, pour 2018, Orpéa et Korian, ont enregistré des excédents d’exploitation de 604 et 468 millions d’euros, sur l’argent de nos anciens et des familles, dans les conditions exécrables d’accueil que l’on connaît.
La sous-médicalisation de ces maisons de retraites contribue à l’engorgement des urgences.
Nous apprenons que l’AP-HP a l’intention de fermer l’hôpital Vaugirard pour le transformer en EHPAD. C’est inacceptable. L’hôpital Vaugirard est dédié aux longs et moyens séjours, notamment pour des personnes âgées, que l’on remet sur pied pour qu’elles rentrent chez elles et soient prises en charge, entre temps, à proximité de chez elles, dans le 15ème. Ce n’est pas la même vocation qu’un EHPAD ! Et c’est l’assurance maladie, les cotisations sociales patronales, qui doivent financer et non les familles et la solidarité nationale !
Dans sa conférence de presse du 25 avril, E. Macron a prétendu établir un moratoire sur les fermetures d’hôpital. Quelle démagogie ! Quel mensonge !
La fermeture de l’hôpital Vaugirard est programmée. La casse de Beaujon et de Bichat, remplacés, avec des centaines de suppressions de lits et d’emplois, par un projet immobilier à Saint-Ouen, est en cours. L’Hôtel-Dieu et ses urgences finissent de mourir. Le Val-de-Grâce est mort.
Mais Macron et Buzyn ont trouvé l’astuce : ils vont changer la définition du mot « hôpital », qui pourra, demain, être une structure dénuée, par exemple, de chirurgie.
Le projet de loi Buzyn est scandaleux de malhonnêteté. Il renvoie l’essentiel de la recomposition autoritaire de l’offre de soins à des ordonnances (pas de débat parlementaire, encore moins de débat public) à discrétion du pouvoir, dans la soumission aux intérêts privés, dans la réorganisation de la « gouvernance » des « groupements de territoire ». La politique de fond que poursuivent Macron et Buzyn, c’est de développer un secteur lucratif de la santé pour les capitalistes, aux dépens de la santé publique et la Sécurité sociale, de ponctionner au maximum les familles et les travailleurs en transférant l’argent de nos cotisations maladie vers le profit capitaliste.
Sauf que ça ne passe pas, ça ne doit pas passer ! Le système de santé, pour lequel des générations se sont battues, ne peut pas et ne doit pas passer sous le contrôle des spéculateurs.
Agents hospitaliers, médecins, patients, familles, cotisants, communistes du 15ème, nous vous invitons à intervenir et à lutter, localement et nationalement :
- Soutien aux revendications des personnels des services d’urgences. Pour la création des 700 emplois manquants à l’AP-HP.
- Opposition totale à la fermeture de l’hôpital Vaugirard et à sa transformation en EHPAD !
- Maintien du centre de santé Viala que la municipalité de Paris doit maintenir et reloger !
- Retrait du projet de loi Buzyn, et de ses ordonnances antidémocratiques inacceptables.
- Restitution à la Sécurité sociale de ses financements légitimes, de l’’argent de la solidarité entre travailleurs: lin des exonérations de cotisations sociales patronales (dont le CICE). Les « déficits » organisés des hôpitaux publics, par le biais de « tarifications » antisociales, de frais financiers pour les banques, sont inacceptables.
Localement, régionalement, nationalement, mobilisons-nous pour nos hôpitaux, nos structures publiques et sociales de santé !
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