Nous défendrons un texte alternatif au 34ème congrès du PCF
texte (13 sept.) issu de la rencontre nationale des 29 et 30 août 2008 à Paris.
Nous voulons faire vivre le PCF pour mener le combat de classe
Nous défendrons un texte alternatif au 34ème congrès
Un spectre continue à hanter les nuits du patronat et du pouvoir capitaliste : celui du seul parti politique qui a donné historiquement à la classe ouvrière, au monde du travail les moyens de remettre en cause leur domination en France, le PCF. La persistance des campagnes anticommunistes en témoigne.
L’évolution du monde ne cesse de justifier davantage l’existence de notre parti. La mondialisation capitaliste s’étend et s’intensifie. Dans notre pays, le gouvernement actuel, poursuit à un rythme accéléré la politique de ces prédécesseurs: la remise en cause systématique des acquis sociaux et démocratiques pour la conquête desquels notre parti a joué un rôle déterminant.
Alors que le danger de guerre mondiale surgit à nouveau, nous nous souvenons que notre parti est né justement en 1920 du refus de la guerre impérialiste.
Dans le même temps, la contestation du capitalisme monte, marquée par le développement continu des luttes sociales depuis 1995 ou par le rejet de la « constitution » de l’UE en 2005.
Dans ce temps où la lutte des classes bat son plein, la raison d’être de notre parti est plus actuelle que jamais : porter une perspective révolutionnaire de rupture avec le capitalisme, le socialisme, la traduire en propositions et actions concrètes pour renforcer le mouvement des luttes, permettre l’intervention politique organisée directe des travailleurs.
L’acquis du Congrès de Tours n’est pas tombé avec la chute du Mur de Berlin. La rupture avec les partis réformistes, toujours enclins à la collaboration de classe, n’a jamais été autant d’actualité.
Quoiqu’en disent les « politologues » anticommunistes, et maintenant une partie des dirigeants du PCF, notre parti n’est pas voué à un « déclin inéluctable ». Le résultat des élections cantonales de 2008, 9,3% avec des candidats clairement identifiés comme communistes, l’écho que reçoivent nos actions militantes dans nos sections, l’expérience de la bataille pour le NON à l’UE du capital de 2005 nous en convainquent.
Aujourd’hui, nous sommes décidés à ne pas laisser dilapider tout ce que représente le PCF, donc à ne pas laisser perdurer la stratégie que la direction sortante entend poursuivre, envers et contre tout, après le 34ème congrès.
Ces dernières années ont connu un affaiblissement grave et sans précédent de notre parti et de sa capacité à jouer son rôle dans la lutte des classes en France.
Nous considérons que c’est principalement le résultat de la stratégie d’effacement de l’identité et des positions communistes depuis la « mutation » des années 90.
A contresens de la raison d’être de notre parti, la direction a choisi de privilégier la présence dans les institutions sur l’action dans les luttes. Elle a abandonné la perspective révolutionnaire du socialisme pour lui substituer, dans les faits, celle de la victoire électorale de la « gauche ». Elle a ainsi placé le PCF sous la tutelle du PS depuis l’expérience de la « gauche plurielle » entre 1997 et 2002. Intégrée dans un bloc de l’alternance, elle a abandonné la contre-offensive idéologique et politique. Dans le même temps, elle a sabordé l’organisation spécifique révolutionnaire de notre parti, la cellule, notamment l’activité à l’entreprise, désertant le premier terrain des luttes.
Le 1,93% de la présidentielle de 2007 a représenté une sanction sans appel. Devant cette situation d’une extrême gravité, les communistes sont en droit d’attendre une analyse sérieuse et responsable de l’ensemble des choix stratégiques depuis vingt ans. Nous faisons le constat que la direction sortante se refuse à la faire.
En 2007 déjà, elle a évité le congrès extraordinaire que la situation exigeait. Restée en place, elle continue la même politique sclérosante pour notre parti. Comment mener par exemple la bataille contre la privatisation de la Poste côte-à-côte avec un PS qui est responsable de tout le début du processus et qui continue d’appuyer les directives européennes de marchandisation?
Pour le 34ème congrès de décembre 2008, la direction de notre parti a adopté un projet de base commune que nous jugeons irrecevable. Il propose aux communistes l’amnésie, l’anesthésie et la fuite en avant.
Aucun bilan des choix stratégiques des derniers congrès! En revanche, des phrases creuses et fumeuses sur la situation du monde dont la seule préoccupation semble d’être de montrer que l’on a changé d’époque et que donc il faudrait changer le parti, changer de parti.
La direction sortante confirme qu’elle entend continuer jusqu’au bout le processus d’effacement du PCF. Après juin 2007, les principaux dirigeants avaient mis à l’ordre du jour la question de « l’existence même » du parti, de son « dépassement ». Malgré la décision de l’Assemblée extraordinaire de décembre 2007 de maintenir le PCF, la direction continue à parler, dans son projet de base commune, de « transformations profondes » allant jusqu’à une « métamorphose ».
Responsables d’organisations du PCF, cellules, sections, fédérations, militants, nous décidons d’assumer nos responsabilités de communistes.
Nous refusons de laisser notre parti continuer à être transformé en coquille vide , en attendant une recomposition politique à gauche, peut-être dès les élections européennes de 2009.
Pour le congrès lui-même et pour l’avenir du Parti, nous prenons la décision de défendre un texte alternatif à celui de la direction que nous souhaitons déposer avec tous ceux qui partagent cette analyse.
Ill est indispensable que les communistes puissent se prononcer définitivement pour le maintien du PCF, se prononcer pour la rupture avec le processus de mutation-disparition, pour que notre parti retrouve sa raison d’être.
Qu’ils puissent se prononcer et agir :
- pour que le PCF retrouve sa totale indépendance de pensée, d’action et de structure qu’il mette entièrement au service des travailleurs et de la lutte des classes.
- pour qu’il porte comme perspective, la perspective politique révolutionnaire de la rupture avec le capitalisme, le socialisme. (au lieu de celle d’une nouvelle « gauche plurielle » en 2012, avec l’insertion du parti dans « une majorité, un gouvernement, une présidence de la République qui impulseraient une politique de gauche » (projet de base du CN), c'est-à-dire dans une bipolarisation derrière le PS qui se détourne de la force décisive de l’alternative politique, les luttes.
- pour qu’il revienne à des fondamentaux théoriques, marxistes, non par affirmation identitaire mais parce qu’il s’agit d’une nécessité pour le combat de classe aujourd’hui.
Notre analyse de la nécessité de l’appropriation publique des principaux moyens de production et d’échange est essentielle dans la bataille contre les privatisations, pour la défense et la reconquête des monopoles publics, également pour une conception offensive de la mixité, par exemple dans un secteur comme l’audiovisuel.
Les enseignements de Marx dans « Salaires, prix et profits » sont tout aussi essentiels pour dénoncer et combattre le RSA, les exonérations de cotisations patronales qui sapent le financement de la Sécurité sociale, ou la Prime pour l’emploi défendue par le PS dans la même logique que le RSA [faire rémunérer le travail par la collectivité à la place du patron].
- pour des initiatives politique de lutte immédiates. Un texte de congrès ne peut pas être hors du temps. La responsabilité des communistes est de proposer des ruptures politiques immédiates avec la politique au service du capital. L’alternative politique ne réside pas dans l’objectif électoral de 2012 [avec un pôle canalisant l’électorat à gauche du PS] mais dans la capacité du mouvement des luttes à commencer à mettre en échec la politique de Sarkozy sur une première bataille: éducation, service public, droit du travail… Elles sont toutes déterminantes comme la lutte contre la guerre impérialiste et pour le retrait de la France de l’OTAN.
- pour amplifier en France le rejet et la disqualification de l’UE du capital, dans la suite du NON de 2005, en finir avec les positions « euroconstructives » et les illusions dangereuses qu’elles portent.
Adhérer à l’objectif d’intégration européenne, dans le sillage du PGE, même de façon « radicalement critique », est un contresens. C’est adhérer à un projet capitaliste contradictoire avec notre objectif de développer des coopérations mutuellement avantageuses, respectueuses des peuples.
- pour retrouver l’engagement internationaliste fondamental du PCF. Rompant avec le PGE, notre parti doit renforcer sa coopération avec les partis communistes et progressistes, affirmer sa solidarité avec les expériences socialistes dans le monde, par exemple en Amérique Latine.
- pour reconstituer l’organisation de classe du parti: la cellule directement sur le lieu de l’affrontement de classe, dans les entreprises et les quartiers, la section dont la raison d’être est d’impulser l’action des cellules dirigée vers les luttes, les directions départementales et nationales qui doivent en émaner. La reconstitution d’une structure de formation idéologique des communistes est indispensable dans ce cadre, partant de l’expérience militante.
Le texte alternatif que nous défendrons devra donner un signal fort à tous les communistes, avec ou sans carte, à ceux qui sont isolés, aux centaines de milliers de camarades qui se retrouvés écartés du parti, à tous les salariés qui luttent.
Nous voulons montrer que le PCF ne se réduit pas à la direction sortante, que des communistes sont décidés à réapproprier leur parti, à ne pas le laisser à ceux qui veulent le détruire. Le 34ème congrès doit être une étape de ce processus.
Un peu partout dans le monde, le socialisme redevient une réalité, le communisme une perspective, des partis communistes se renforcent. Des camarades, comme en Italie, reprennent en main leur parti. En France, les communistes peuvent et doivent s’unir le plus largement pour retrouver le Parti dont ils ont besoin pour mener le combat de classe.
PAS D’AVENIR SANS PCF!
Commenter cet article