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Imprimerie nationale: mémoire d'un saccage - il est encore temps de bloquer la casse

30 Novembre 2004 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème - infos 15 Publié dans #Imprimerie - livre - presse

IMPRIMERIE NATIONALE: Mémoire d’un saccage (suite). Il est encore temps de bloquer la casse!

Le 9 novembre, près de 1000 salariés de l’IN, venus des trois sites de Paris, Douai et Evry manifestaient devant le Ministère de l’économie et des finances. Des communistes de la section étaient à leurs côtés dans le cortège dans la continuité des actions menées dans le 15ème contre le démantèlement de l’entreprise. Depuis septembre, nous avons diffusé des milliers de tracts aux salariés, à la population, aux visiteurs lors de la « Journée du patrimoine », nous avons interpellé les élus municipaux avant le Conseil d’arrondissement du 4 octobre et le Conseil de quartier le 13 octobre.

Notre intervention a deux objectifs :

1- bloquer, tant qu’il en est encore temps, la poursuite du démantèlement, de la saignée, de l’entreprise

2- dénoncer le saccage délibéré par les gouvernements successifs depuis 1993 du bien et de l’atout national que représente l’IN, prototype de la stratégie de braderie des services et entreprises publiques du pays. C’est bien à Bercy que se situent les responsabilités. C’est bien à Bercy que sont pris depuis 1992 les choix politiques qui ont organisé méthodiquement le sabotage de l’IN.  

 

CHRONOLOGIE:

1992/93 : changement de statut. Prétextant (déjà) des règlements européens sur la concurrence, le gouvernement socialiste (Charasse) dépose en mars 92 le projet de loi de changement de statut de l’IN qui sera adopté en 1993 sous le gouvernement Balladur (Sarkozy, ministre du budget) et applicable au 1er janvier 1994. 3 dispositions principales lourdes de conséquences : a- l’IN devient société de droit privé (l’Etat conserve 100% du capital). b- l’IN perd le monopole d’impression sur la quasi-totalité des travaux réalisés pour l’Etat, les administrations et les services publics qui sont livrés à la loi de la concurrence. c- Tous les nouveaux personnels embauchés le sont sous contrat de droit privé.

1994/2003 : une à une, les ministères et entreprises publiques transfèrent d’importantes commandes publiques vers le privé, notamment les pages blanches de l’annuaire téléphonique. La direction de l’entreprise, ouvertement soutenus par les ministres de l’économie successifs (dont Fabius) multiplient les « restructurations », investissements, et rachats d’entreprises (1997/1998) (Istra-Strasbourg, Mizeret,…) au nom de l’adaptation à la « concurrence ». Ces opérations coûteuses et hasardeuses plombent les comptes de l’entreprise. Des centaines d’emplois sont supprimés.

1999 : Vente et destruction de l’annexe Ménard de l’usine de Paris pour dégager des liquidités. En 2003, les murs de l’usine d’Evry sont vendus et l’IN en devient locataire.

2000 : Le PDG, avec l’aval du gouvernement de la « gauche plurielle », lance la prétendue « délocalisation » de l’usine et du siège historiques de Paris. Prétextant des « surcoûts » liés aux bâtiments, ils veulent en fait faire sauter le verrou de l’unité de l’ensemble de l’IN. Un fort mouvement de grève (3 semaines) obtient d’importantes revalorisations salariales et reportent l’échéance de la liquidation du site de Paris.

2002 : La dilapidation du carnet de commandes publiques s’accélèrent avec l’éviction de l’IN de l’impression des pages jaunes de l’annuaire de France-Télécom (entreprise contrôlée par l’Etat), livrée à des groupes étrangers.

2004 : Aujourd’hui, le gouvernement, par l’intermédiaire du nouveau PDG, M. Lenoir de la Cochetière , a planifié la fin du démantèlement, la mise à mort de l’IN, prenant prétexte des déficits qu’ils ont eux-mêmes fabriqués.  

 

D’ici 2006, le PDG envisage de :

supprimer 8 des 11 activités actuelles. Il ose prétendre « recentrer l’IN sur son cœur de métier » comme si les rotatives, l’impression elle-même n’étaient pas le métier de l’IN. C’est se moquer du monde !

se débarrasser de deux des trois sites de l’IN. L’usine d’Evry est déjà mise en vente. L’usine et le siège historiques de Paris 15ème (850 salariés en 2003) ont été vendus aux promoteurs et doivent être liquidés. L’acheteur n’est autre que le fonds de pension américain de sinistre réputation, Carlyle, directement lié aux familles Bush et Ben-Laden. Quel symbole !

Une infime partie des activités (132 salariés dit-il) se retrouveraient dans une nouvelle unité à Choisy-le-Roi, elle-même destinée à être privatisée dès 2006.

L’usine de Douai connaîtrait seule un répit mais avec à peine la moitié des effectifs actuels.

De 2003 à 2006, le nombre de salariés devrait passer de 1500 à 400! Des plans (anti)-sociaux sont programmés avec des licenciements pour les uns et des conditions inacceptables de reclassement pour les autres.

Voilà comment, les gouvernements successifs se sont relayés en 12 ans pour casser et livrer à l’intérêt privé un pan du patrimoine national. L’IN constitue un véritable cas d’école dans lequel on retrouve la connivence entre les gouvernements nationaux et l’Europe de Bruxelles/Maastricht.

Les directives européennes sur la concurrence ont été le moyen de justifier la casse des statuts en 1992/94. Aujourd’hui Bruxelles et ses « règles » proscrivant les « distorsions de concurrence » sont le moyen pour le gouvernement de refuser de payer les dettes qu’il a lui-même créées et de financer le développement de l’IN.

Autrement dit, Bruxelles autorise et encourage le gouvernement à couler la boîte mais prétend lui interdire de la sauver.

Aujourd’hui, il est encore temps d’inverser ce scénario. Le laminage de l’IN résulte de choix politiques pas d’une fatalité.

D’abord, il faut bloquer la casse. Intervenons pour exiger l’interruption du processus de vente des rotatives de l’usine de Douai (au groupe privé Maury), l’interruption de la vente de l’usine d’Evry, l’annulation de la vente de l’usine et du siège historiques de Paris !

La Ville de Paris a pris une lourde décision en accordant le permis de construire au promoteur Carlyle, elle a encore la possibilité de réviser sa position, ce qui rendrait nulle la vente et ouvrirait des perspectives d’alternative pour la défense de l’IN et de ses emplois.

Ensuite, il faut rendre à l’Imprimerie nationale ce qui revient à l’Imprimerie nationale. Intervenons pour que le gouvernement rende à l’IN ses missions et son carnet de commande publique, revoie l’attribution du marché de l’impression de l’annuaire téléphonique.

L’IN, pôle d’excellence de la filière graphique française, a toujours été en bonne santé financière avant 1993 et reversait de l’argent au budget de l’Etat. Aujourd’hui, la mobilisation des salariés, des populations, des élus peut empêcher le gâchis humain, financier, économique.

 

 

Carlyle s’attaque à la France ! Sarkozy le fait rentrer dans le 15èmeDelanoé n’y voit rien à redire !

A qui le PDG et le gouvernement veulent-ils livrer les terrains de l’IN? Au fonds de pension américain Carlyle, l’un des plus puissants du monde et des plus dangereux. Les media français (Le Monde, La Tribune …) commencent à démasquer ses agissements. Un reportage a été diffusé le 4 octobre sur Canal +, « Carlyle s’attaque à la France  », pour dénoncer les méthodes de ce groupe. Directement lié à la famille Bush (et à la famille de Ben Laden), Carlyle est régulièrement accusé de se livrer au pillage technologique, de recourir aux paradis fiscaux, de servir de levier d’influence au lobby militaro-industriel américain. Un tel rapace financier ne peut avoir d’autre objectif que de tirer un profit maximum des terrains de l’IN pour alimenter ses objectifs. Raison de plus de rejeter le bradage de l’IN et d’exiger l’annulation de la vente! La Ville de Paris, M. Delanoé ont accordé le permis de construire demandé par Carlyle. La droite et le PS ont défendu le projet immobilier de Carlyle au Conseil d’arrondissement du 15ème du 4 octobre. C’est faciliter le démantèlement de l’IN et encourager la pire spéculation immobilière. Intervenons pour que M. Delanoé révise sa position !

Le 13 octobre, lors d’un Conseil de quartier consacré à l’IN, un cadre dirigeant, M. Madou, représentant le PDG, interrogé par nos camarades sur le démantèlement de l’entreprise, s’est permis de décrier de façon scandaleuse et mensongère devant la population le travail des salariés: « là où la concurrence a besoin de 2 personnes, à l’IN, nous en avons besoin de 4. On ne peut sauver que ce qui est sauvable ».  

 

 

Impensable ! Pendant que les salariés, les communistes du 15ème et même le Comité de défense du patrimoine graphique de l’IN luttent contre la liquidation du siège et de l’usine historiques de Paris 15ème, préalable au démantèlement de toute l’entreprise, des élus du Val de Marne dont le Maire de Choisy-le-Roi, M. Daniel Davisse et Mme Hélène Luc, sénatrice n’ont cessé depuis 2 ans de défendre le pseudo-projet de délocalisation de la direction de l’IN qui a servi de leurre pour mieux faire passer la casse du site de Paris. Résultats des courses : la future unité de Choisy ne regroupera au mieux selon la direction que 132 emplois (contre 850 à Paris en 2003) et sera privatisée en 2006 (voir le journal La Tribune du 24 août). Ce n’est pas en laissant déshabiller Pierre qu’on habille Paul. 

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