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Contre la mort de l’hôpital public : l’appel des 25.

19 Avril 2009 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Santé - hôpital - assurance maladie

Un texte d'une importance majeure.

Nous reproduisons ci-dessous l’appel de 25 professeurs de médecine de l’Assistance publique-Hôpitaux de Paris (et des Quinze-Vingts) « contre la mort de l’hôpital public ».

Il représente un nouveau stade de la mobilisation des médecins hospitaliers contre le projet de loi Bachelot. Il faut en mesurer toute l’importance, presque historique, pour la suite d’une bataille d’intérêt national. La vive et immédiate réaction de la ministre en atteste.


Le texte est très clair. Il dénonce, avec des mots très fermes, la logique de rentabilité financière qui prévaut sur la logique de soin. Il demande comme « amendement » de la Loi la « suppression du volet hospitalier de la Loi Bachelot ». Pas un aménagement de détail. Sur cette base, il appelle à l’unité de lutte de toute la communauté hospitalière.


Ces médecins « éminents » rejoignent donc les revendications les plus avancées du mouvement en cours, celles par exemple de la fédération de la Santé CGT et l’Union syndicale de l’AP-HP (USAP). Ils vont beaucoup plus loin que l’appel du 4 février de la Mutualité française et des confédérations syndicales (dont la CGT) qui se contentait de suggérer des modifications du volet hospitalier. On aura noté aussi, dans les premières réactions, le soutien de l’ancien ministre socialiste Claude Evin à la Loi Bachelot.

A n’en pas douter le pouvoir va essayer de réduire et de calmer la colère des médecins par des mesures d’ordre catégoriel, auxquelles une bonne partie d’entre eux ont pu se montrer sensibles ces dernières années. Les médecins pourraient se voir davantage associés aux décisions des directeurs d’hôpital, notamment en ce qui concerne la gestion des services, c'est-à-dire à l’aménagement de la pénurie.


Mais cela ne résoudrait en rien le problème de fond mis en avant par l’Appel : le passage de la « médecine hospitalière » à la « médecine mercantile ». Et cela ne changerait rien, pour la majorité des médecins hospitaliers, à la dégradation de leurs conditions de travail et de leur situation personnelle. Le 5 novembre 2008, les présidents des Comités consultatifs médicaux des hôpitaux de l’AP-HP envoyaient une lettre ouverte à Mme Bachelot intitulée « L’hôpital public en cours d’asphyxie ». Ils tiraient les enseignements de l’expérience de deux « réformes » antérieures : le passage aux pôles d’activité médicale et à la tarification à l’activité. Accompagner ces mesures, les promouvoir même, comme ils l’avaient fait, s’est retourné contre eux, contre l’ensemble des médecins hospitaliers et de l’hôpital.


Les 25 appellent tous les personnels des hôpitaux à manifester « côte à côte » le mardi 28 avril. C’est une occasion majeure pour le rassemblement et le développement de la lutte. Il est absurde, comme certains se sont interrogés, d’opposer le 28 avec les manifestations interprofessionnelles unitaires du 1er mai. Au contraire, la mobilisation du 28, comme les mouvements dans de multiples secteurs, ne peut que renforcer celle du 1er et ses développements ultérieurs.

 

Se saisir du 28, du renfort exceptionnel que représente l’appel des médecins, en faire une journée d’action marquante est décisif pour éviter les replis catégoriels et pour gagner sur le fond : le retrait de la loi Bachelot. 



 

Contre la mort de l’hôpital public : l’appel des 25

16 avril 2009


E
n 1958, la grande réforme menée par le Professeur Robert Debré allait permettre à la médecine française de devenir en 30 ans “la meilleure du monde”.
Cinquante ans plus tard, le Parlement va-t-il voter la loi “Bachelot” qui porte en elle la disparition de cette médecine hospitalière au profit d’une médecine mercantile ? Le maître-mot n’est plus la santé mais la rentabilité. La préoccupation centrale n’est plus le malade mais le compte d’exploitation de l’hôpital. Et les premières victimes en seront les patients et les soignants.
Cette loi cale l’hôpital sur l’entreprise. Elle donne tous les pouvoirs au Directeur de l’Hôpital, nommé et révoqué par le Directeur de l’Agence Régionale de Santé, lui-même nommé et révoqué par le Conseil des Ministres. Ce directeur pourra n’avoir aucune compétence médicale ou en santé.C’est pourtant lui qui arrêtera le projet médical de l’hôpital. Lui aussi qui nommera et révoquera les médecins responsable des structures de soins (pôles, départements, services…). Sur quels critères ?
La tarification des actes est semblable dans les secteurs privé et public – comme si les pathologies et la continuité des soins y étaient comparables ! La pensée marchande dont se prévaut cette loi réduit le qualitatif au quantitatif, le malade au tarif de sa maladie.
Dans le même temps on organise des suppressions massives et injustifiées d’emplois d’infirmières et d’aides-soignants.
Bien sûr, l’hôpital public doit être réformé. Mais certainement pas de cette manière.
Il faut repenser l’organisation hospitalière pour répartir de manière harmonieuse sur le territoire, sans redondance, les stuctures de soins et les spécialités en prenant en compte aussi leur niveau de technicité et l’accueil des urgences ; organiser la continuité des prises en charge au fur et à mesure de l’évolution du type de soins que demandent les malades.
Il faut réfléchir aux nouveaux métiers de la médecine ; prendre en compte la nécessaire pluridisciplinarité ; reconnaître et valoriser les actes des infirmières et des personnels paramédicaux (psychologues, diététiciennes, orthophonistes, etc.) ; promouvoir la prévention, le dépistage, l’éducation thérapeutique.
Il faut impliquer toutes les unités de soins hospitalières dans des activités de recherche structurées et adosser les orientations cliniques à un projet médical qui ne soit pas fondé sur la rentabilité mais d’abord sur les besoins de la population, l’évolution prévisible des grandes questions de santé publique, l’avancée des connaissances et des progrès technologiques.
Il faut un financement, propre à l’hôpital, qui tienne compte de l’innovation, de la lourdeur des pathologies, de la précarité, des handicaps de la vie.
A cet effort-là, source de progrès et de solidarité, tous les médecins et personnels hospitaliers sont prêts à souscrire. Mais pas à cette loi destructrice et injuste.
Soyons clairs. Si cette loi n’est pas amendée, elle s’appliquera sans nous, médecins et chirurgiens de l’Assistance Publique – Hôpitaux de Paris. Demain, côte à côte, et pour la première fois, infirmières, agents hospitaliers et administratifs, médecins seront dans la rue. Preuve que les mentalités ont changé, que l’union est faite pour que soit supprimé le volet hospitalier de la loi “Bachelot” et pour que s’ouvre enfin un débat à la hauteur de l’enjeu : il est encore temps et il est urgent d’organiser les Etats Généraux de l’hôpital public.

Les 25 signataires

Pr. Basdevant, endocrinologue, Pitié Salpetrière
Pr. Bourgeois, rhumatologue, Pitié Salpetrière
Pr. Bousser, neurologue, Lariboisière
Pr. Brochard, anesthésiste réanimateur, Henri Mondor
Pr. Dubourg, cardiologue, Ambroise Paré
Pr. Fischer, pédiatre, Necker Enfants Malades
Pr. Franco, chirurgien digestif, Antoine Béclère
Pr. Frydman, gynécologue obstétricien, Antoine Béclère
Pr. Gaudric ophtalmologue, Lariboisière
Pr. Gluckman, hématologue, Saint Louis
Pr. Godeau, médecin interniste, Henri Mondor
Pr. Grimaldi, diabétologue, Pitié Salpetrière
Pr. Guillevin, médecin interniste, Cochin
Pr. Kieffer, chirurgien vasculaire, Pitié Salpetrière
Pr. Kuttenn, gynécologue médicale, Pitié Salpetrière
Pr. Lyon-Caen, neurologue, Pitié Salpetrière
Pr. Mariette, rhumatologue, Bicêtre
Pr. Menasche, chirurgien cardiaque, Georges Pompidou
Pr. Musset, radiologue, Antoine Béclère
Pr. Niaudet, pédiatre, Necker Enfants Malades
Pr. Sahel, ophtalmologue, Hôpital des Quinze-Vingts
Pr. Sedel, chirurgien orthopédiste, Lariboisière
Pr. Valla, hépatologue, Beaujon
Pr. Varet, hématologue, Necker
Pr. Vernant, hématologue, Pitié Salpetrière

 

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