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Affaire de la burqa : Sarkozy saisit une perche qu’un communiste n’avait pas à lui tendre.

25 Juin 2009 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Questions de SOCIETE

Affaire de la burqa : Sarkozy saisit une perche qu’un communiste n’avait pas à lui tendre.

 

déclaration de la section PCF Paris 15

Mais qu’est-ce que le sujet de la Burqa pouvait bien avoir à figurer dans le discours de politique générale de Nicolas Sarkozy à Versailles ce 22 juin 2009 ? La crise du capitalisme, l’explosion du chômage, même les quelques débats de la campagne des élections européennes n’avaient vraiment pas placé cette affaire au premier plan des préoccupations du pays.

 

Mais Sarkozy n’allait pas se priver de se saisir de la perche tendue complaisamment, entre autres, par ses amis du pôle sécuritaire et anti-immigration de l’UMP, Eric Raoult, Thierry Mariani ou Pierre Lellouche, ce dernier déjà récompensé d’un strapontin ministériel. 

 

Dans un discours à la tonalité savamment calculée, d’où ressort la détermination à poursuivre les (contre-) réformes mais sans la surenchère verbale que les propos de Fillon pouvaient laisser imaginer (retraite à 70 ans), la burqa a représenté une excellente diversion. Cette tenue « n’est pas bienvenue en France ».

 

Il est de tout profit pour le pouvoir d’essayer de détourner l’attention de l’opinion publique vers ce type de sujets malsains.

 

L’amalgame est si vite fait entre burqa, religion musulmane et immigration. L’immigration est si facilement transformée en bouc émissaire, en exutoire. On connaît.

 

De surcroît, voilà un sujet qui ne peut qu’embarrasser la gauche en général, et les militants communistes en particulier, parce qu’ils refusent les affirmations simplistes et sont directement confrontés aux conséquences, si complexes dans les quartiers populaires, des tensions sociales fabriquées par le système.

Avec la création d’une simple « mission d’information parlementaire », Sarkozy et la droite donnent même l’impression quant à eux de ne pas y toucher !

 

On peut aussi voir facilement une arrière-pensée plus perverse encore de Sarkozy dont on connaît l’allergie politique à la laïcité républicaine. Après son ami Bush, Obama vient de l’inciter à aller plus loin dans l’acceptation des signes religieux dans la sphère publique et précisément du voile islamique.

Dans les colonnes de la quasi-totalité des journaux, les exégètes se répandent : la burqa ne serait pas un signe religieux, donc, sous-entendu, on peut l’interdire. Donc, deuxième sous-entendu, les vrais signes religieux, comme le voile, on doit les accepter..., partout.  

 

La montée en épingle de l’affaire de la burqa est ainsi une diversion malsaine, une nouvelle atteinte déguisée à la laïcité républicaine. Pour les femmes à qui l’on impose cette désocialisation, cette camisole de force, rien ne sera réglé avec cette campagne qui exacerbe les affirmations identitaires.

Espérons qu’elle sera sans lendemain ! Faisons en sorte qu’elle le soit !

 

Communistes, un dernier point nous concerne avec cette question : c’est André Gerin, député communiste du Rhône qui s’est trouvé lancer l’affaire dans les media.

Dans le PCF, nous sommes amenés à travailler avec André sur un certain nombre d’autres sujets. Raison de plus pour ne rien cacher de ce genre de divergences de fond !

 

Nous désapprouvons l’initiative prise par André Gerin dont l’étiquette politique rend objectivement service à notre ennemi politique Sarkozy.

Nous avons déjà eu l’occasion de le faire : nous exprimons notre total désaccord avec l’idée selon laquelle les problèmes, qui se manifestent de façon plus aigüe dans certains quartiers et certaines banlieues, soient de nature spécifique et puissent être réglés en commun avec nos ennemis de classes. Ainsi, nous ne comprenons pas qu’André Gerin ait fait préfacer son livre les « Ghettos de la République » par Eric Raoult ou qu’il y affirme sa compréhension pour des propos anciens de Jacques Chirac (« le bruit et les odeurs ») qui suscitèrent et suscitent toujours aujourd’hui notre indignation.

 

« Mettre les pieds dans le plat », c’est une méthode qui ne doit pas supplanter l’analyse et l’action politique conséquentes.

 

Le secrétariat de la section du PCF Paris 15ème

 

Pour compléter: la position que nous avions soutenue lors de la discussion, imposée par Chirac, sur le port du voile.

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M
Si à chaque fois que Gérin dit une énormité, il faut le laisser dire parce qu'il est communiste et qu'il ne faudrait pas sous-entendre qu'il est raciste, on serait iresponsable. Gerin n'est pas raciste mais ses conneries sont très graves, complétement irresponsables
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G
André Gerin, le pourfendeur infatigable de l'islamisme (Le monde - 2 juillet 2009)<br /> C'est un peu son leitmotiv : André Gerin ne manque pas une occasion de pourfendre la montée de l'islamisme qui menacerait la République et les cités en particulier. Le député du Rhône n'en est pas à son premier coup d'éclat. Il a exposé sa vision de la banlieue et des dangers qu'y fait peser l'islamisme radical dans un ouvrage, Les Ghettos de la République (éd. Les Quatre Chemins, 2007). Le maire de Vénissieux (Rhône) y stigmatise sa banlieue comme en proie à une "guerre civile" où des "émeutes ont lieu tous les jours", où les bandes y pratiqueraient toutes sortes de trafics et les islamistes un prosélytisme inquiétant.<br /> Dans le même livre, il disait comprendre les propos tenus par Jacques Chirac en juin 1991 à Orléans sur "le bruit et l'odeur" des immigrés : "Il n'avait dit que la vérité." Pour enfoncer le clou, il fait préfacer son ouvrage par le député UMP Eric Raoult, qui a fait de l'insécurité en banlieue son cheval de bataille.<br /> Un an auparavant, il avouait partager les positions de Nicolas Sarkozy sur les émeutes de 2005. Le propos est volontairement outrancier, la rhétorique populiste et les glissements, jugés "sécuritaires" par ses camarades, sont fréquents. En 2005, il avait été jusqu'à inviter dans sa mairie Jacques Cheminade, du mouvement d'extrême droite Solidarité et Progrès.<br /> Pourtant, en tant que maire de Vénissieux, M. Gerin a une pratique plus conciliante. Dés le début des années 1990, il a fait des associations musulmanes des Minguettes ses interlocuteurs privilégiés, y compris les plus raides. Depuis vingt ans, André Gerin a toujours annoncé la construction d'une grande mosquée sans qu'elle ne voie le jour. Les salles de prière clandestines se sont multipliées et le radicalisme musulman des salafistes avec. C'est à Vénissieux, en 2003, qu'a été arrêté l'imam Bouziane expulsé pour ses déclarations sur la lapidation des femmes.<br /> Mais, désormais, M. Gerin n'est plus maire. Un an après sa réélection, l'élu de 63 ans vient de céder sa place à son adjointe, Michèle Picard. Aujourd'hui, il se dit simple député désireux de vouloir "sortir de l'indifférence et de l'aveuglement" face aux dangers du radicalisme musulman. Place du Colonel-Fabien, sa dernière initiative sur la burqa n'a pas été commentée. Voilà longtemps que les "coups" de M. Gerin sont regardés avec gêne à la direction du PCF. C'est pourtant contre elle qu'il concentrera ses efforts. Celui qui s'est présenté en 2008 contre Marie-George Buffet continue sans relâche de l'accuser de vouloir "liquider le parti".<br /> Sylvia Zappi<br />  
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P
cette analyse est bien courte pour un marxiste, sans tenir aucun compte des conditions concrètes de l'unité du peuple dans les quartiers populaires, ni des réactions politiques nombreuses et révélatrices, y compris de la direction du PCF.Un article plus détaillé est en ligne sur le site de la section de Vénissieux. Il aborde quatre points: Parler d’un problème de la burqa, ce serait faire de l’islam un problème pour la France, c’est de l’islamophobie... du racisme colonial disent même certains... <br />  Stigmatiser les femmes avec Burqa, ce serait ne pas respecter leur liberté, certains faisant le parallèle avec les modes médiatiques imposant... la minijupe.  Le discours sur la burqa servirait de voile... aux luttes de classe, en détournant l’attention du peuple de la profondeur de la crise et les communistes ne devraient pas en parler.  Cette initiative serait récupérée par la droite et André Gerin servirait, volontairement disent certains, d’émissaire de Sarkozy.<br /> Il peut y avoir bien entendu des divergences qu'il faut débattre en toute franchise, mais il faut prendre le temps de bien comprendre les initiatives de chacun, ne pas rebondir trop vite sur un mot ou une citation sans tenir compte de ce qu'a voulu faire un camarade. Les deux premiers commentaires sur ce site sont ainsi révélateurs du risque de récupération. Que Luc Chatel pense qu'aucune loi de libération n'a eu d'effet, c'est son droit, mais il fait comme si la mission demandée par Gerin avait pour but de proposer une loi, et surtout un marxiste ne peut ignorer la dialectique de la lutte et de la loi. Ce sont des lois qui ont interdit l'esclavage ! On pourrait lui montrer d'ailleurs par l'exemple plus banal des lois Evin sur la cigarette a quel point au contraire une loi peut faire bouger des comportements.Et l'autre commentaire montre que l'article ouvre la porte à toutes les interprétations, y compris de laisser penser que Gerin serait raciste et pas communiste. Comme  ce ne peut être la position du PCF15, il me semble que celà montre le danger de cet article qui décidément manque de fond. 
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A
M. Gérin est très inquiétant. Je ne comprends pas qu'un communiste dise ça. Raoult est un des pires sarkozyste et raciste. Agir avec lui au Parlement! Ecrire un livre avec lui! E^tre d'accord avec les insultes racistes de chirac sur le bruit et l'odeur des étrangers. C'est incroyable! Je n'y croyai pas. On me l'a montré. M.Gérin écrit dans son livre avec Raoult:« Prenons le débat sur l’immigration. Droite et gauche ont agi de la même façon depuis trente ans en noyant le poisson ou en évitant de dire la réalité. On a refusé de reconnaître que des différences importantes existaient dans les modes de vie, les cultures et les traditions entre le monde musulman et la culture judéo-chrétienne. Tout le monde s’est tu. Après avoir évoqué dans un discours de 1991 les fameuses "odeurs", Jacques Chirac a dû pratiquement se renier et s’excuser d’avoir usé d’un tel terme. Cela lui a valu une campagne de dénigrement incroyable. Pourtant il n’avait dit que la vérité. Mais nous étions incapables de l’entendre. Moi-même j’ai dû dire à l’époque "il parle comme le Front national" ».Même Raoult ne se permettrait pas de dire cela lui-même!Si il ne dit pas le contraire maintenant, c'est que Gérin est vraiment raciste comme un beauf et pas communiste.
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L
La burqa ou l’art de la diversion<br /> On accuse régulièrement les médias, et à raison, de ne pas assez souvent prendre parti. Début juin, ils ont fendu l’armure, et se sont engagés, de façon quasi unanime derrière un combat assez inattendu : l’interdiction de la burqa. La frénésie politico-médiatique qui entoure ce sujet appelle plusieurs commentaires. Le premier relève d’une certaine précaution préliminaire, puisque les lignes qui suivent vont à l’encontre d’une opinion publique passionnée, en phase avec un président de la République qui n’en demandait pas tant. Lundi 22 juin, à Versailles, ce dernier a déclaré que « la burqa ne sera pas la bienvenue sur le territoire de la République ». À l’exception d’une poignée d’illuminés groupusculaire, personne ne souhaite bienvenue à la burqa en France. Comme personne ne souhaitait la bienvenue à Khadafi en décembre 2007… Ce constat amène directement au deuxième commentaire. Puisque cette question ne fait pas débat, pourquoi ouvrir le débat ? La réponse tient en un mot : diversion. Quand une crise surgit et que les politiques se trouvent désemparés, voire désarmés, rien de tel qu’une diversion pour dissimuler l’impuissance. La nouveauté ici, c’est que la manœuvre ne vient pas du pouvoir, mais de l’opposition. C’est André Guérin, député maire communiste de Vénissieux, qui a porté la proposition de loi pour la création d’une commission d’enquête parlementaire sur la burqa. Alors que des millions de Français sont au chômage, que des dizaines de milliers vont s’y trouver, que des familles vont devoir quitter leur logement, que des millions d’enfants ne peuvent partir en vacances, on attendait d’un élu communiste qu’il mette en avant la question sociale, en ce début d’été, plutôt que celle d’un vêtement porté par quelques dizaines de femmes. Si la République est menacée, comme le disent les défenseurs de cette loi, c’est bien moins par la burqa que par le démantèlement progressif de son école publique, de ses universités, de ses hôpitaux et de sa protection sociale. Dernier commentaire enfin, sur ces discours qui présentent les femmes voilées comme des victimes qu’une loi pourrait sortir de leur condition. Tous les États et toutes les institutions qui ont prétendu un jour vouloir le bien de certaines personnes contre leur gré, qui ont voulu émanciper des hommes et des femmes sans leur consentement, non seulement ont échoué, mais sont tombés du côté de l’oppression. Espérons que les parlementaires membres de la commission d’enquête sauront privilégier la pertinence politique et l’analyse lucide aux fausses passions républicaines.<br /> Luc Chatel, journaliste à Témoignage Chrétien
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