Transdev livré à Veolia ! Ne laissons pas la collectivité être dépossédée des transports urbains!
Transdev livré à Veolia ! Ville par ville, région par région, au niveau du pays : ne laissons pas la collectivité être dépossédée des transports urbains!
Il fut un temps où la Caisse des dépôts et consignations (CdC) était appelée la « bras armé » de l’Etat. Depuis une vingtaine d’années, elle est plutôt devenue le bras des gouvernements pour désarmer l’Etat et la collectivité.
Le 23 juillet 2009, on annonce que la CdC va céder le contrôle à Véolia-Transports de la société Transdev dont elle est l’actionnaire principal (70%), à côté de la RATP (25%). Techniquement, l’opération prendra la forme d’une fusion qui permettra à Véolia de s’emparer de Transdev sans rien débourser.
Selon la presse, la prescription vient directement de l’Elysée. Le Président prétend affecter à la CdC un rôle central dans son plan de « relance ». On voit lequel : aider les entreprises capitalistes les plus prédatrices à capter en France et à l’international entreprises et marchés publics.
Transdev est un gros morceau, un beau cadeau. La société regroupe 46.000 salariés dont 18.600 en France où ses filiales gères des réseaux de tramway de Nantes, Grenoble, Montpellier, Mulhouse, Strasbourg, Orléans, Valenciennes et le futur tram de Reims, ainsi que 70 réseaux d’autobus.
Transdev est issu de l’action de développement des transports, suivant un objectif d’intérêt général, depuis les années 70 de la Société central d’équipement du territoire, la SCET, filiale de la CdC, puis ensuite de l’acquisition, avec les fonds publics de la CdC de nombreux réseaux locaux. Techniquement et financièrement, le secteur public, la CdC et la RATP ont ainsi constitué un bel ensemble intégré. Elles ont fait belle la mariée pour que le pouvoir la livre maintenant à une multinationale.
Cette perspective ne date pas d’aujourd’hui. Depuis des années, depuis le gouvernement Jospin (nous devons le dire), la gestion de Transdev, qu’il s’agisse des conditions d’exploitation et de travail en France ou de la politique d’acquisition tout azimut à l’étranger, 60% de l’activité maintenant, obéissent à une logique de concurrence généralisée et à une stratégie de privatisation.
A Reims, chez les Cars d’Orsay (Essonne) et à la CEAT (Essonne et Val de Marne), pour s’en tenir à quelques exemples, les salariés avec la CGT ont mené plusieurs luttes déterminées ces derniers mois pour les salaires, les conditions de travail.
La privatisation va entraîner de nouvelles dégradations aux dépens des salariés mais aussi directement des usagers et des finances des collectivités locales qui la paieront cher. Seules comptent pour des entreprises comme Veolia la loi du profit, la course au marché mondial. On observe cette évidence dans tous les secteurs où Veolia est actif.
Avec ce coup en plein cœur de l’été, le pouvoir franchit une nouvelle étape dans la marchandisation intégrale du secteur des transports urbains, en concordance avec le règlement européen de mise en concurrence censé être applicable au 3 décembre 2009.
Constituer un juteux marché européen, voire mondialisé, le livrer à un oligopole de quelques grandes multinationales en asservissant les collectivités publiques, voilà l’objectif.
Des moyens existent pour mettre en échec ce projet et lui opposer un service public national d’entreprises publiques, municipalisées, régionalisées ou nationalisées sur la base de la coopération dans l’intérêt général (y compris, le cas échéant, au plan international) entre chaque entreprise.
- Dans l’immédiat, dénonçons l’opération de privatisation, et ses ressorts, de Transdev.
- De nombreuses collectivités locales (villes, communautés d’agglomération, régions) sont directement concernées, en tant que donneurs d’ordre de réseaux dont Transdev est l’opérateur, dont beaucoup de collectivité de « gauche ». Elles peuvent et doivent réagir contre le passage sous la coupe de Véolia. Militons pour cela !
- Dans de nombreuses villes, les luttes des agents des transports sont autant de points d’appui pour le service public. Notamment le succès à Marseille des traminots de la RTM qui ont empêché la mainmise de Veolia-transports sur le nouveau tramway et sauvegardé le statut de la Régie.
- La défense du service public de l’entreprise nationale RATP est au centre de la bataille nationale. Avec le SNCF en Ile-de-France, elle représente plus de la moitié des transports en commun du pays.
Une offensive de long terme est menée par le pouvoir et la direction qu’il nomme, pour mettre en concurrence et privatiser les réseaux publics d’Ile-de-France et faire de la RATP et de la SNCF des prédateurs sur le marché international. La région de « gauche » a fait le choix d’accompagner, sinon d’anticiper cette évolution.
La question est immédiatement posée d’imposer une autre politique : la défense et l’extension du monopole public d’entreprise publique RATP/SNCF sur les transports urbains d’Ile-de-France.
La RATP est actionnaire à 25,6% de Transdev. Transdev détient 8 réseaux d’autobus en banlieue de Paris, représentant près de 2000 salariés et 1200 autobus*. Ils doivent être pleinement intégrés dans l’entreprise nationale RATP. La Région, les autres collectivités locales, aux côtés des agents, doivent peser de tout leur poids, décisif.
Veolia voudrait donner à la RATP, en échange des ses actions, des réseaux de transports à l’étranger : c’est inacceptable.
Comme il est inadmissible que les conditions d’accomplissement du service public, de travail et de rémunération ne soient pas les mêmes partout dans la même région, à la RATP, dans les entreprises de Transdev et dans leurs filiales.
Ces enjeux peuvent et doivent être posés, loin des préoccupations politiciennes et électoralistes, dans la campagne des élections régionales de l’année prochaine.
*Liste des réseaux Transdev en Ile-de-France : Cars d’Orsay (Essonne – Les Ulis…) ; CEAT (Essonne-Val-de-Marne, Sainte-Geneviève-des-Bois/Champigny sur Marne) ; Flexité (Seine-et-Marne, Savigny-le-Temple) ; Interval (Seine-et-Marne, Montereau-Faut-Yonne) ; n°4 Mobilités (Seine-et-Marne, Roissy-en-Brie) ; AMV (Seine-et-Marne, Lagny) ; STBC (Seine-et-Marne, Chelles) ; Transdev-Espaces (Seine-et-Marne, Meaux) + des entreprises spécialisées (Roissy-aéroports, cars de tourisme…).
* Liste de filiales de droit privé de la RATP en Ile-de-France à intégrer à la RATP : Les Cars Perrier (Yvelines), les cars Giraux (Yvelines-Val d’Oise), CTVMI (Yvelines)…
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