CN du PCF des 8 et 9 avril 2011 - Intervention d'Emmanuel DANG TRAN (Paris 15ème)
Conseil national du PCF des 8 et 9 avril 2011
Intervention d’Emmanuel DANG TRAN, fédération de Paris, secrétaire de notre section
Ma candidature est une décision collective de responsables d’organisation du Parti de tout le pays.
Après réflexion, nous avons considéré qu’elle sera le moyen de sortir de la fausse alternative dans laquelle on enferme les communistes: pile le Front de gauche, face le Front de gauche.
Et le « Front de gauche », comme Pierre Laurent a été obligé de le dévoiler à l’instant, ce sera Jean-Luc Mélenchon pour les présidentielles.
Quand j’entends parler ici d’innovations démocratiques, de formes inédites de « démocratie participative », avec le Front de gauche, j’aurais presque envie de rire.
A ceux qui luttent aux travailleurs, le « Front de gauche » donne le spectacle de « primaires » comme au PS et maintenant il nous conduit à un marchandage des circonscriptions législatives entre ses courants. Quel progrès démocratique !
Le Front de gauche n’amène pas davantage de démocratie au sein du PCF, bien au contraire. Tout est décidé d’avance, ailleurs et « en haut ».
Je rappelle, et continuerai à le faire, que jamais les communistes n’ont pu se prononcer sur la stratégie du Front de gauche.
Sa création avec Mélenchon a été décidée en parallèle du 34ème congrès, sans que les communistes se prononcent. De même, le principe de candidatures communes pour 2012 a été acté lors d’un congrès « extraordinaire », non statutaire, sans que les communistes ne puissent non plus s’exprimer souverainement.
Le congrès ordinaire prévu en juin 2011 a été annulé. Du coup, le choix des candidatures se fait sans que les communistes aient défini leur stratégie.
Le « programme partagé » tombe d’en haut, élaboré par des « experts », dans le but affiché d’être acceptable par toute la gauche, sans que nous n’ayons notre propre programme communiste à « partager ».
Aujourd’hui, notre réunion du Conseil national a lieu alors que l’accord avec les partenaires du Front est déjà signé depuis trois jours…
La finalité de cette suite de coups de force doit bien apparaître aux yeux des communistes et de tous ceux pour qui le PCF représente un outil important dans la lutte. Avec le Front de gauche à nouveau, au moyen de Mélenchon, la direction du Parti revient à la charge pour imposer la « métamorphose » du PCF que les communistes ont massivement refusée en 2007 et en 2008.
Face à ce scénario, il est décisif que les communistes s’expriment sur les questions stratégiques de fond qu’esquive le jeu interne au Front de gauche entre Mélenchon et André Chassaigne, qu’ils s’expriment sur le rôle que le PCF peut et doit jouer dans la situation politique. C’est ce que nous voulons rendre possible avec ma candidature.
En deux mots, le contexte politique est marqué par le discrédit de la politique au service du capital, du capitalisme lui-même, par le développement de luttes dans des secteurs de plus en plus divers, mais aussi par une absence de perspective d’alternative institutionnelle.
C’est encore ce que les cantonales viennent de montrer par l’abstention massive.
Deux autres réflexions rapides à propos des cantonales :
- Le système a recours au FN pour dévoyer la colère populaire. Nous devons le prendre très au sérieux, évidemment, ne tolérer aucun glissement individuel vers le discours de l’UMP sur l’immigration et la sécurité, ne pas laisser au FN l’opposition artificielle au consensus droite/PS notamment sur l’UE.
- La méthode Coué ne devrait pas avoir de place ici. Le résultat des cantonales montre l’ancrage du PCF (l’insignifiance du PG…) mais le Front de gauche est en recul de 300.000 voix sur 2008 et même de 120.000 voix sur 2004 par rapport au PCF, alors que l’extrême-gauche ne présentait pas de candidats.
Pour les communistes, les élections sont une occasion de relayer la stratégie du Parti dans les luttes. On le voit, dans la démarche électoraliste du Front de gauche, c’est le contraire, elles sont le moyen d’imposer au Parti une stratégie institutionnelle.
Nous mettons en avant et soumettons au débat trois axes stratégiques.
1°- Pour nous, la perspective ouverte par la situation politique, l’objectif de battre Sarkozy, ne doivent pas nous amener à une nouvelle « gauche plurielle ».
L’image de Pierre Laurent sur la péniche aux côtés de Aubry et Duflot a été un symbole désastreux.
Le programme rendu public par le PS n’est pas « timide » : il va dans le mauvais sens, par exemple avec le projet de fusion de la CSG et de l’impôt sur le revenu qui menace tout le financement solidaire de la Sécurité sociale par la cotisation sociale. Soyons clairs dès à présent : excluons toute participation à un gouvernement PS !
2°- L’ampleur du consensus PS/droite se manifeste (il ne peut pas être masqué) dès qu’il s’agit de l’UE. L’offensive idéologique est massive à « gauche » pour faire rentrer ceux qui luttent dans le leurre réformiste de « l’Europe sociale ». Le PCF doit y résister au lieu de s’associer au Maastrichien Mélenchon ou de suivre la Confédération européenne des syndicats, fer de lance du Traité de Lisbonne.
Le PCF doit redevenir le Parti qui rejette radicalement l’UE du capital, ses traités et directives, leur application, dans la suite de l’expression majoritaire de notre peuple contre le TCE en 2005.
Sur l’euro, comment pouvons-nous combattre le « Pacte pour l’euro » sans remettre en cause l’euro lui-même ? L’euro est le moyen pour imposer le Pacte, l’austérité aux peuples. Dans les années 90, dans nos campagnes contre les traités de Maastricht et d’Amsterdam, nous avions développé une excellente proposition, que je me souviens avoir défendue ardemment, celle de la monnaie commune de coopération. Elle est toujours d’actualité et pourrait porter une grande campagne aujourd’hui pour la sortie de l’euro.
3°- Dans la période actuelle, nous avons besoin d’une candidature clairement présentée par le PCF.
- Pour rassembler sur perspective de rupture partant des luttes.
La question du rassemblement est centrale mais quel rassemblement ?
Le Front de gauche porte une démarche politicienne et électoraliste, entièrement rivée vers l’enjeu institutionnel, tournée vers la « gauche » social-démocrate.
Cette alliance étriquée d’organisations est tout le contraire du rassemblement que doit porter le PCF en 2011 comme en 2012. Les travailleurs, le pays ont besoin que nous mettions en avant des positions de rupture immédiate avec la politique du capital, s’appuyant sur le mouvement populaire et les luttes, dans une perspective anti-capitaliste, qui, pour nous, est le socialisme. Rassembler sur ces bases, c’est la raison d’être de notre Parti.
- Pour arrêter le processus d’effacement du Parti.
La poursuite de l’effacement du PCF dans le cadre de la recomposition politique prévue avec le Front de gauche est inacceptable. Elle est indéniable. L’accord signé du Front de gauche institue un Conseil national du Front de gauche, doté d’un président, des collectifs locaux du Front de gauche, supplantant les organes du PCF, etc.
Pour nous, le renforcement du PCF, comme parti de classe et de masse, est une priorité. Elle s’oppose à la poursuite du Front de gauche qui est l’instrument de la « métamorphose » du PCF que refusent les communistes.
Je finis par ce qui devrait être au centre des réflexions de notre CN : notre action nationale dans les luttes actuelles. Pourquoi ne pas lancer de grandes campagnes pour le SMIC à 1600 euros net et le rétablissement d’une échelle mobile des salaires, contre les augmentations des tarifs de l’énergie, la renationalisation intégrale de GDF et d’EDF, le rétablissement des monopoles publics, pour l’arrêt des guerres françaises en Libye (n’en déplaise à Mélenchon), en Afghanistan, pour la sortie de l’OTAN.
Le rassemblement des travailleurs dans la lutte des classes se joue en 2011 avant 2012.
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