Défendons la médecine du travail contre l’offensive du Medef et de la loi Woerth! Exemple à La Poste.
Défendons la médecine du travail contre l’offensive du Medef et de la loi Woerth! Exemple à La Poste.
En mai 2010, les médecins de prévention de La Poste ont alerté sur la dégradation « alarmante » de la santé des postiers directement mise en lien avec la stratégie de l’entreprise, suivant le précédent de France Télécom.
Leur lettre ouverte au PDG a eu un fort impact dans l’entreprise. Elle a aidé les salariés, leurs représentants syndicaux dans leur bataille pour les conditions de travail.
Le Medef cherche à éliminer cette fonction des médecins du travail, issue des conquêtes de la Libération, celle « d’éviter toute altération de la santé du travailleur du fait de son travail ».
Le gouvernement a introduit à l’Assemblée dans son projet de loi de contre-réforme des retraites des dispositions satisfaisant le patronat dans sa volonté de supprimer la médecine du travail dans son rôle spécifique. Il l’a fait à l’improviste, au nom de la prise en compte de la « pénibilité ». C’est un vrai coup de force.
Salariés, agents de La Poste, mesurons le danger, luttons avec encore plus de vigueur pour le retrait de la Loi Woerth, pour la défense de la médecine du travail !
« Mal être au travail à tous les niveaux », « situation d’épuisement physique et psychique », « très forte augmentation des accidents du travail et maladies professionnelles », « mal être au travail touchant tous les niveaux opérationnels », des « suicides ou des tentatives de suicide » à tous les niveaux « dont on peut penser qu’ils sont exclusivement liés à des situations de vie professionnelle », … : le constat des médecins de prévention de La Poste est accablant.
« Très forte pression commerciale », « Organisations du travail virtuelles », « horaires supplémentaires non rémunérés », « pressions » pour faire partir les agents, « communication de l’entreprise trouble et à deux vitesses », … : le diagnostic est tout aussi accablant.
Suit de la part des médecins une série de recommandations pour la surveillance médicale des personnels, en particulier l’exigence de « moyens matériels et humains » pour la médecine du travail, dont la pénurie actuelle est une « forme d’entrave à leur exercice professionnel », le respect de l’indépendance des médecins du travail, qui « n’est plus assurée à La Poste ». Ils soulignent l’importance de « leur rôle d’alerte, grâce à leur expérience de terrain, leur sens clinique, leur lien privilégié avec les agents qu’ils ont à charge ».
Tout au contraire des revendications des médecins de La Poste, le gouvernement s’efforce d’aider le patronat à aggraver cette situation sur tous les plans, à se débarrasser de ces gêneurs de médecins du travail.
Depuis 2 ans, les ministres X.Bertrand puis X.Darcos ont essayé de faire passer la « réforme » voulue par le Medef selon les dispositions du « dialogue social ». L’action des collectifs de médecins du travail a réussi à ce que pas un seul syndicat, même complaisant, ne signe avec le Medef. Devant cet échec leur successeur Woerth revient à la charge avec la loi sur les retraites.
« Moyens humains et matériels » ? Toujours moins !
Depuis trois décennies, les gouvernements successifs organisent la pénurie de praticiens en restreignant les formations. Plusieurs dispositions en ont pris prétexte pour déjà diminuer les missions des médecins du travail, les éloigner de l’entreprise et des salariés, notamment espacer les visites périodiques obligatoires.
Pour gérer la pénurie de médecins du travail, le gouvernement inscrit dans la loi et étend les possibilités de recours à d’autres « intervenants en prévention des risques professionnels », à des infirmiers, des internes, pour certaines professions à des médecins de ville. Ils n’ont pas les mêmes compétences et n’ont pas de statut de salariés protégés.
Pour serrer encore la vis du côté des moyens financiers, le gouvernement place les services de santé au travail sous la tutelle de « contrats d’objectifs et de moyens » négociés avec l’administration et la Sécurité sociale, dans le contexte de super-austérité que l’on sait.
« Indépendance des médecins du travail » ? Mainmise patronale !
Le gouvernement transfère les prérogatives, qui étaient explicitement celles des médecins du travail dans le Code du travail, aux administrations des services de santé au travail (internes à une entreprise comme à La Poste, interentreprises ou d’établissement). Or la loi Woerth précise que leurs directeurs seront nécessairement désignés parmi les représentants des patrons et qu’ils auront voix prépondérante dans l’administration « paritaire ».
C’est renforcer considérablement l’emprise des patrons sur l’activité des médecins du travail.
D’autant plus que l’administration des services de santé au travail va supplanter les actuelles commissions de contrôle, composées d’une majorité de représentants des salariés, qui garantissent le statut de travailleur protégé du médecin du travail en validant ou non sa nomination, sa mutation, son licenciement.
Répétons les autres intervenants que les médecins ne sont pas du tout protégés de la pression patronale.
« Expérience de terrain, lien avec les salariés » mettent en avant les médecins de la Poste. Le gouvernement veut rabaisser le médecin du travail au rang d’expert au service de l’autorité patronale.
Il est à attendre que le gouvernement espace encore, par décret, la fréquence des visites périodiques et le suivi personnalisé des salariés.
La loi Woerth tend à transformer la conception même de la fonction du médecin du travail. Elle ne serait plus de prévenir, par un suivi des salariés, toute « altération de la santé du fait du travail » mais de constater à un moment soit les aptitudes soit les dégâts, notamment pour l’évaluation des conséquences de la « pénibilité ».
Un chapitre de la loi Woerth s’intitule de façon significative : « aide à l’employeur pour la gestion de la santé et de la sécurité au travail ».
La mobilisation nationale contre la loi Woerth, la mobilisation spécifique des médecins du travail, notamment du groupement « Sauvons la médecine du travail », ont permis de faire reculer déjà le gouvernement sur certaines de ses prétentions.
Il est nécessaire que cette bataille s’amplifie dans la durée, que le plus grand nombre de salariés, notamment de militants syndicaux prennent la mesure du danger.
A La Poste, demain risque de régner la loi du silence sur les atteintes à la santé des postiers. Faisons de la déclaration courageuse des médecins de prévention de La Poste une lutte de tous les salariés !
Et plus que jamais, battons-nous et gagnons le retrait de la Loi Woerth !
Commenter cet article