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Dénonçons la manœuvre dangereuse sur « l’identité nationale » destinée à faire faire passer la politique antipopulaire !

23 Décembre 2009 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #Questions de SOCIETE

Dénonçons la manœuvre dangereuse sur « l’identité nationale » destinée à faire faire passer la politique antipopulaire !

 

 

Dans sa tribune au Monde du 9 décembre 2009, Sarkozy a craché le morceau. Il a osé comparer le résultat du référendum suisse contre les minarets, pour lequel il est plein d’indulgence, avec le NON du peuple français en 2005 au projet de constitution européenne.

 

Le débat sur « l’identité nationale » a bien pour but de détourner la colère d’une majorité de travailleurs de l’opposition à sa politique au service de la mondialisation capitaliste.

 

Le procédé n’est pas nouveau. Le recours de la bourgeoisie au chauvinisme, au nationalisme, à la dénonciation d’une prétendue « crise de civilisation » sont vieux comme sa trahison des intérêts du peuple et de la Nation.

Non, la référence n’est pas déplacée : ceux qui préféraient « Hitler au Front populaire » sont bien les mêmes qui entreprirent à Vichy la soi-disant « révolution nationale », réactionnaire et raciste, sous la protection des nazis.

 

Besson-Marechal.gif

Au référendum de 2005, comme dans les luttes sociales actuelles, une large majorité de la population exprime son rejet de la politique de casse des acquis sociaux et démocratiques nationaux mise en œuvre au nom de l’Europe et de la mondialisation. Elle refuse la mise en concurrence des peuples les uns contre les autres, la casse de l’appareil productif en France et des délocalisations, au moyen de la « libre » circulation des capitaux et des marchandises.

 

Il est maintenant nécessaire de brouiller les repères, pour certains de ceux qui ont trahi le vote des Français en ratifiant le Traité de Lisbonne dans leur dos, qui bafouent la souveraineté des peuples telle qu’elle s’exprime fondamentalement dans le cadre national. On notera que ce sont les mêmes aussi qui finissent de jeter la défense du pays dans les mains de l’OTAN et de l’impérialisme américain.

 

Le concept nouvellement inventé « d’identité nationale » est subtilement pervers.

Quand des géographes, comme Fernand Braudel, parlaient « d’identité de la France », ils faisaient la photographie d’un pays dans son ensemble, à un moment donné.

Le concept « d’identité nationale » a, quant à lui, la faculté de se rapporter aussi bien à un pays qu’aux individus qui l’habitent tout en agitant le leurre d’une référence figée, éternelle.

 

L’odieux intitulé du ministère de « l’identité nationale et de l’immigration » suffit à indiquer l’esprit et le bouc émissaire de l’opération. Monter les travailleurs les uns contre les autres, encore plus en période de crise, est une vieille recette du capitalisme plus que jamais d’actualité à l’heure de la concurrence généralisée.

Les travailleurs immigrés, sinon leurs enfants (le plus souvent français), sont désignés comme symboles et même causes de la mondialisation capitaliste dont ils sont autant les victimes que les travailleurs français, sinon davantage encore. Sans parler des sans papiers dont la trajectoire est la correspondance (in)humaine de la liberté de circulation des capitaux.

Certaines différences culturelles apparentes, des problèmes parfois particuliers, qu'il n'est pas question de nier, sont tournés insidieusement en éléments à charge. Alors que les conséquences, bien réelles, des difficultés sociales que la population immigrée subit sont ignorées ou mal traitées.

Il y aurait des bons et des mauvais étrangers (comme par hasard toujours les pauvres), des bons et des mauvais français ! Honte à ce gouvernement qui viole les principes républicains !

 

Heureusement, il est obligé de donner dans la caricature à force d’essayer de flatter de bas instincts visiblement moins répandus dans la population française que dans ses propres rangs. La circulaire envoyée par le ministre Besson veut faire la norme d’une image de Français à la « Superdupont » qui n’existent pas, dans laquelle personne ne se reconnaît.

Non, MM. Besson, Fillon et Sarkozy, les Français ne sont pas des « veaux » !

Ils comprennent que supprimer 30.000 emplois d’enseignants par an, laisser les sous-produits commerciaux américains envahir nos écrans, l’anglais supplanter dans notre propre pays notre langue dans la recherche, l’économie, la publicité… que tout cela, ce n’est pas défendre la culture française dans sa diversité. Ils voient bien qu’agiter les symboles, Marseillaise et drapeau tricolore ne compense pas la politique d’abandon des acquis nationaux.

 

Le danger d’une telle opération n’en est pas moins réel à terme car elle en prélude d’autres.

 

Le plus dangereux est que le concept « d’identité nationale », porté par le gouvernement de la France, vient apporter un couvert de respectabilité, une validation à certaines formes larvées de racisme.

Un droitier extrême comme l’UMP Eric Raoult est passé maître dans cette duplicité, du double langage. La valeur républicaine de laïcité, sinon celle de la défense de l’égalité hommes/femmes, est ainsi détournée et instrumentalisée pour donner une caution à des sentiments mal placés de méfiance et soupçon à l’égard de voisins, notamment, dans cette période, originaires de pays musulmans. Par bêtise ou bien par opportunisme et démagogie, des élus de « gauche » donnent dans le jeu, par exemple en montant en épingle, et en alimentant le problème de la burqa. Sarkozy, Copé et l’UMP s’en frottent les mains.

 

Il n’est pas du tout contradictoire – il est même très cohérent - que cette dérive viennent de ceux-là mêmes qui contrefont les principes de la laïcité républicaine. Ils ne manquent pas une occasion de vanter les origines judéo-chrétiennes de la France. Sarkozy a osé affirmer au Vatican que le curé ou le pasteur étaient supérieurs à l’instituteur dans la transmission des valeurs morales (discours de Latran). D’autres dévoient habilement la laïcité en offrant de faire rentrer l’islam dans la République, et donc les autres religions avec, contre la loi de séparation de l’Eglise et de l’Etat de 1905.

 

Concept pervers, terrain glissant, relents nauséabonds : voilà de quoi raviver l’extrême droite autant que les intégristes de toute obédience. N’est-ce pas aussi le but recherché, par delà les calculs électoraux immédiats, que de pyromanes se faire passer pour pompiers ?

 

Au déversoir de haine que le gouvernement essaie d’instituer, la réaction des démocrates et des républicains se doit d’être ferme sans complaisance.

 

- Exigeons la dissolution du ministère de « l’identité nationale et de l’immigration » porteurs d’amalgames injustifiables et intolérables !

- Exigeons l’arrêt du débat organisé par l’Etat, notamment dans les préfectures, sur « l’identité nationale » ! Ils déconsidèrent les institutions républicaines autant qu’ils donnent un cadre officiel aux pires dérives.

- Défendons sans concession la conception française de la Nation, héritée de la Révolution française, une conception strictement politique basée sur la citoyenneté, à l’opposé des modèles ethniques ou communautaristes ! Elle est la matrice de la cohésion nationale du pays, de « l’intégration », sans cesse attaquées par le capitalisme et la politique à son service, de recul organisé des services publics, de la protection sociale, du droit au logement… Bien sûr et heureusement, la conception française de la Nation influe sur la culture de chacun, ne serait-ce que par la langue, l’éducation, la Loi, mais elle ne saurait établir une norme culturelle s’imposant à la vie privée.

- Défendons enfin la laïcité, c'est-à-dire à la fois la liberté de conscience et le renvoi strict de la religion dans la sphère privée !

 

Communistes, comme d’autres certainement, nous associons ces positions au combat contre la politique antipopulaire, et en ce sens anti-nationale, menée au service du capitalisme mondialisé. 

La défense et la reconquête des services publics nationaux, de la protection sociale conquise en 1945, de l’appareil de production en France, répondant au mieux aux besoins des populations, sont des conditions de l’épanouissement social et démocratique de la nation. Comme la défense, la reconquête, le développement des moyens d’expression de la souveraineté populaire, de la souveraineté nationale, par exemple contre l’application des traités et des directives de l’UE.

Les capitalistes, adeptes de la mondialisation, de l’UE supranationale, de l’Europe des régions, veulent détruire les nations parce qu’elles sont aujourd’hui le cadre qu’ils contrôlent le moins, où les peuples de travailleurs peuvent les combattre en s’épaulant les uns les autres. A l’opposé du nationalisme, du colonialisme, des conceptions des idéologues de « l’identité nationale », le combat pour la défense et la liberté de la Nation s’inscrit dans le combat émancipateur. Nous le pensons plus que jamais parce que nous sommes internationalistes.

 

Nous n’oublions pas qu’aux dures heures de l’histoire de France, comme en 1871 ou dans la Résistance, un grand nombre des meilleurs défenseurs de la nation française, des libertés de notre peuple, étaient des étrangers, des immigrés.

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