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Privatisation du rail : les expériences européennes appellent à se concentrer contre la réforme ferroviaire en France

27 Février 2014 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #SNCF

Privatisation du rail : les expériences européennes appellent à se concentrer contre la réforme ferroviaire en France

PCF Paris 15, 27 février 2014

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Le 25 février, 4000 cheminots, cadres syndicaux et délégations de militants de 17 pays, se sont rassemblés autour du Parlement européen de Strasbourg.

Ces « euromanifs » peuvent avoir du bon. Elles permettent d’échanger, de faire un constat commun des ravages des politiques de privatisation. Partout, les mêmes recettes sont mises en place par les gouvernements nationaux. Le calendrier est différent, les étapes sont les mêmes, suivant un modèle théorisé et méthodique de démantèlement des grands services publics nationaux intégrés. Les effets sont aussi les mêmes partout: suppression de poste, de gares, de guichets, de lignes, dégradation du service et des conditions de sécurité, hausse des tarifs, externalisations, multiplication des réglementations de travail pour renforcer l’exploitation de tous les cheminots et détruire les statuts et les acquis sociaux historiques etc.   

Les euromanifs permettent aussi d’échanger des expériences syndicales : les succès, pour l’instant relatifs, des positions de lutte et de résistance des cheminots dans la perspective d’une convergence avec les autres salariés et usagers, de la reconquête des monopoles nationaux, les échecs flagrants des stratégies d’accompagnement suivies par les syndicats réformistes, intégrés dans la logique européenne.

Si on suit ces derniers, les euromanifs peuvent présenter bien du mauvais ! Ils rentrent dans une logique trompeuse pour les travailleurs de lobbying auprès des institutions européennes. Celles-ci inspirent, coordonnent, appuient les politiques de privatisation. Elles servent d’instrument et de prétexte pour les gouvernements nationaux. Il importe pour les salariés de chaque pays de ne surtout pas leur donner la légitimité qui leur fait complétement défaut dans les peuples, en France encore davantage depuis les 55% de non au référendum de 2005 sur la « constitution » européenne (que soutenaient le syndicat européen CES et sa filiale ferroviaire…).

Le vote des députés européens en faveur de la directive de la Commission européenne pour la mise en concurrence totale du rail, le « 4ème paquet ferroviaire », ne fait aucun doute. L’hypocrisie et/ou le crétinisme parlementaires atteignent une inflation exponentielle à la puissance européenne. Des députés socialistes belges, socio-démocrates allemands, toute honte bue, sont venus promettre aux manifestants d’infléchir la directive européenne. D’autres, plus « radicaux », promettent une bataille d’amendement acharnée. A peine s’ils n’invitent pas à voter pour « l’Europe sociale » lors de la tartufferie des élections européennes du 25 mai. De qui se moque-t-on ?    

L’avenir du service public SNCF se joue en France, dans la lutte, en complémentarité internationaliste avec les luttes des cheminots des autres pays. Le ministre français des transports, Christian Cuvillier, le sait bien. Il laisse à certains syndicats réformistes l’usage de l’argument européen. Lui au contraire se défend de s’aligner sur le modèle européen. A l’Assemblée nationale, le 11 février, devant la Commission du « développement durable et de l’aménagement du territoire », il affirme que la « réforme » ferroviaire n’a pas pour but « d’anticiper une éventuelle concurrence », que continuent les « discussions avec l’Europe sur quelle forme de concurrence ». A le lire, sa « réforme » poserait un cadre de résistance aux directives européennes. En voilà un autre qui ne rechigne pas devant les arguments les plus fallacieux ! La « réforme » ferroviaire en France, suivant les précédents de l’Allemagne par exemple, ou de l’électricité en France, suit exactement la modélisation que l’Union européenne veut imposer dans son « 4ème paquet ferroviaire »: la séparation institutionnelle entre les gestionnaires d’infrastructures et les opérateurs de transports afin de forcer la mise en concurrence des trains de voyageurs d’ici 2022. Le gouvernement veut achever la séparation incomplète de l’exploitation et de l’infrastructure créée en 1997 avec RFF. Pour tromper, momentanément, les établissements, bien séparés, comporteront encore SNCF dans leur intitulé. Mais personne ne doit être dupe !

La stratégie politique commence à être éculée. D’un côté, on renvoie toute possibilité de changement à un niveau illégitime et inaccessible, le niveau européen. De l’autre côté, au niveau décisif national, on fait passer les contre-réformes structurantes en catimini.

Et l’on prend le temps pour le faire ! L’examen du projet de loi portant « réforme ferroviaire » a été reporté d’un an. Il débutera à l’Assemblée le 16 juin. Son examen par le Sénat et son adoption auront lieu fin juillet ou début août. Le temps des vacances est le temps des mauvais coups ! Le gouvernement parie sans doute aussi sur le résultat de l’extrême-droite aux européennes, qu’il nourrit, pour faire diversion politique en juin et atténuer la contestation syndicale, progressiste de l’Europe du capital.

Notre perspective ne peut évidemment pas être un soutien au baroud d’honneur de députés et sénateurs « radicaux », déclinant des milliers d’amendements dans l’isolement des grandes chaleurs parlementaires, pour demander une autre réforme, impossible sans rejet de cette contre-réforme.

La décision est bien nationale mais, pour les cheminots, les travailleurs, les usagers, elle se joue d’abord dans les luttes, dans la mobilisation à la suite des grandes grèves de juin et de décembre, que le pouvoir et ses complices veulent esquiver.

La question n’est pas de constater une pseudo-fatalité capitaliste européenne, mais de s’opposer, de faire converger les luttes multiples contre la politique de privatisation déjà anticipée par Pépy et le direction de la SNCF : défense des lignes TER, refus des fermetures de guichet, des dégradations des conditions de travail, des externalisations, de la logique Brétigny !

Prenons conscience que les acteurs, à des niveaux différents, se complètent en toute connivence : gouvernements nationaux de droite ou de « gauche », Union européenne capitaliste, directions des entreprises nationales qui aspirent à devenir multinationales, et les régions.

Ces dernières semaines, les présidents PS de « gauche » de Midi-Pyrénées, du Nord-Pas-de-Calais, d’Ile-de-France ont menacé la SNCF de sanction pour des retards, des incidents, une baisse du service. Ces complices de la politique de privatisation savent ce qu’ils font : ils détournent le mécontentement des usagers contre l’opérateur public pour mieux préparer la concurrence régionalisée, via appels d’offres (contre prébendes). Rappelons notre position : la décentralisation de la définition des besoins, oui ! L’éclatement de la SNCF, la casse du financement national solidaire et l’avènement de nouvelles féodalités régionales : NON ! Le président PS de la région Pays-de-Loire, Auxiette a d’ailleurs commis un rapport qui a directement inspiré la contre-réforme ferroviaire, prônant au nom des régions le démantèlement de la SNCF !

La fébrilité du pouvoir nous renforcent plus que jamais dans l’objectif de développer les luttes, de les faire converger pour faire échec à la « réforme ferroviaire », pour demander son retrait pur et simple, condition et étape d’un renversement des politiques de casse du service public et des statuts de la SNCF, d’une reconquête du nécessaire monopole public SNCF des activités ferroviaires.

Ce serait aussi la meilleure participation internationaliste au combat des cheminots de tous les pays d’Europe contre une politique similaire.

 

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