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Vote de la "réforme ferroviaire": Contre la suite du processus de concurrence et de privatisation, la mobilisation des cheminots sort renforcée

24 Juin 2014 , Rédigé par PCF - Section Paris 15ème Publié dans #SNCF

Pour faire capoter la « réforme ferroviaire », il s’en est fallu de presque rien

Contre la suite du processus de concurrence et de privatisation, la mobilisation des cheminots sort renforcée

 

Dans quelques heures, l’Assemblée nationale aura voté la « réforme ferroviaire ». Le résultat du scrutin ne fait pas de doute mais le détail des votes aura son importance, plus encore le 11 juillet au Sénat où PS et Verts n’ont pas la majorité à eux seuls. Ils devront trouver des auxiliaires. L’identité de vue totale entre la gauche gouvernementale et la droite, sur fond de consensus « européen », pourra apparaître pleinement.

L’issue parlementaire était prévisible mais le scénario prévu par le pouvoir a été bouleversé par la lutte des cheminots. Cela comptera. Le gouvernement a consacré 18 mois pour déminer la contestation apparue massive lors des grèves de juin et décembre 2013, 18 mois pour négocier des compromis de couloir, 18 mois pour laisser Pépy tour à tour amadouer ou menacer les différentes catégories de cheminots, en tout cas pour les diviser, 18 mois pour créer un climat de résignation.

140624_Cheminots_versailles.jpgPeine perdue ! La grève reconductible finalement engagée le 10 juin a dépassé par sa force et sa détermination – que les chiffres officiels truqués n’ont pas pu masquer - les journées précédentes. Elle a fait sauter la chape de silence médiatique qui avait étouffé la manifestation nationale du 22 mai. Elle a imposé le débat sur le fond dans l’opinion publique.

La basse opération de propagande sur les TER trop larges pour les quais s’est retournée contre ses auteurs, les responsables. Le projet de loi ne réunifie pas SNCF et RFF mais éclate la SNCF en 3. Ne peut plus être caché non plus qu’il répond directement aux injonctions de l’UE du capital pour livrer le service public du rail à la concurrence et aux appétits privés, avec les conséquences désastreuses vues partout dans les autres pays. Hollande et Valls, tentant de désamorcer la grève au plus vite, ont été réduits à une scabreuse propagande autour du baccalauréat : malgré la grève, il y a eu moins de retard qu’en 2013 !

Tout cela va compter dès les semaines et mois qui viennent dans la suite des luttes cheminotes et au-delà.

Même obtenue à l’arraché, la « réforme ferroviaire » va acter la dissolution de la Société nationale des chemins de fers français et l’abrogation du statut des cheminots. Une période transitoire dure va s’ouvrir. Les privatiseurs vont s’attaquer point par point aux acquis issus du statut. Les « transpositions » de directives européennes de mise en concurrence sont sur leur feuille de route. Il convient d’autant plus de balayer les pseudo-avancées, les amendements de « surface » que le gouvernement a téléguidés à l’Assemblée pour mieux faire passer sa loi. Ils étaient prévus depuis le départ. Dans l’affolement, le ministre Cuvillier les avait déjà concédés le 14 juin à la CFDT et l’UNSA – syndicats hors de la grève - avant même l’ouverture du débat parlementaire, court-circuitant les amendements de complaisance des satellites du PS. Le « décret-socle » visant à accompagner le démantèlement des dispositions du statut, notamment la RH 077, était déjà prévu dans le rapport Bianco de 2013.

L’exemple belge montre à quel point la « holding de tête » (dissoute cette année chez nos voisins) n’est qu’une structure provisoire, couvrant l’éclatement des activités d’exploitation et de réseau, préparant la répartition des activités centrales entre les futures autorités de contrôle.

Nous aurons encore à rentrer dans les détails bientôt devant les luttes qui se préparent. Les cheminots grévistes reprennent le travail ni convaincus par le gouvernement, ni résignés. L’expérience de cette lutte va nourrir la réflexion pour en tirer les enseignements pour l’avenir.  

Déjà, il apparaît que l’on rassemble beaucoup plus largement et efficacement sur une base claire d’opposition que sur la base d’un compromis avec des appareils syndicaux hypocrites comme l’UNSA qui s’est empressée de collaborer.

Déjà, il apparaît que l’on ne peut associer dans un même mouvement des positions de lutte et des positions de repli prématurées, sinon défaitistes, ignorant le rapport de force. Militants communistes, cela nous a amenés à exprimer publiquement notre stupéfaction devant l’abstention d’André Chassaigne le 27 mai en commission sur l’ensemble du projet de loi, puis le 18 juin à l’Assemblée sur l’article dissolvant la SNCF.

A quelques jours près, c’est ce que redoutait –redoute – le pouvoir, de grandes convergences d’action de lutte pouvaient – peuvent – se construire avec ceux qui s’opposent à la « réforme territoriale », au « pacte de responsabilité » sur fond de désaveu massif de l’Union européenne du capital. Les organisations censées fédérer les luttes n’ont pas été en état de les concrétiser. Quel dommage que la manifestation interprofessionnelle du 26 juin n’est pas été programmée le 19 ! La direction de la RATP a été obligée de différer la remise en cause des régimes de travail et du statut pour éviter la concomitance avec la SNCF. En juin 2013, des grèves d’ampleur comparable ont eu lieu à quelques jours d’intervalle. Plus que jamais, les organisations de la classe ouvrière peuvent et doivent, chacune dans leur rôle, déjouer ces calculs.

La réflexion va se prolonger, fécondée par cette grande et belle lutte des cheminots, une lutte vive, jeune, déterminée qui redonne de la pêche à tous ceux qui veulent se battre ! L’alternative politique ne peut partir que de la lutte des classes!

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